Vois-tu cet enfant-là, avancer vers toi ? De ces yeux remplis de clarté tu le supplies de ne pas avancer, je le sais, et pourtant, le voilà s'approchant. Tout semblait plus-que-parfait en cet instant, là où il marchait vers cet instant présent, suivant cette lumière bleutée reflétant sur ton corps de glace. Il pouvait se trouver à des années lumières de toi, il n'en était, en fin de compte, qu'à quelques pas. Entends-tu ce faible son rythmer dans sa poitrine, ce petit cœur que t'aimerais tant pouvoir protéger ? Mais malheureusement, tu le sais, le froid de l'hivernage ne peut l'épargner. Il bourdonnait, de plus en plus fort, au creux de tes oreilles, cet air, incessant que tu te chantais étant enfant. Crier tu le fais, où du moins, tu essaies, mais rien ne sort de ta bouche, tu ne peux pas bouger. De toute manière, il est trop tard, le garçon, est là, devant toi. Tu l'observas une dernière fois à travers ce reflet. Son doux sourire te manquera. Ce sourire qui te remontre les images de cet avant jour d'hiver glacial, passé à ses côtés, sous la neige de janvier. Tu sentis son souffle glacé sur ta joue et ses bras entourant ton cou. Son teint te semblait respirer, respirer la vie mais très vite, il tourna au gris. Tu profitas de ces quelques secondes où tu pouvais sentir son maigre corps te serrer de toute la tendresse qu'il pouvait te donner. Ces quelques secondes étaient, hélas, beaucoup trop courtes. Une impression de déjà-vu te parcouru, il ne restait, alors, plus que la statue. Ces larmes figées que j'aimerais tant pouvoir sécher, sont malheureusement trop froides pour couler. J'aimerais tant espérer voir tes lèvres bouger mais ta voix fissurée ne sait comment résonner. Dans cette cavité d'instants figés, criaient, malgré, les craquelures de ces os azur. Deux âmes, que tout opposait, se retrouver à présent piégées, dans un seul et même souvenir, dans un silence impossible à fuir.